To:
matieres@fabric.ch
Subject: Ouverture de la mailing list
From: Webmaster <webmaster@fabric.ch>
Date: Wed, 12 May 1999 13:34:21
Organization: fabric | ch Sàrl
<PASTE>
<EDIT>
Vers une architecture
augmentée, in Matières, n°3 - 1999
[refusé par le comité de rédaction]
Regard lent / Regard fugitif
Organe de l'Institut de théorie et d'histoire de l'architecture
Ecriture digitale d'un texte
Somme d'échanges, réponses, transferts, reply et forward
Communiquer
autour [DELETED]
de l'architecture numérique
Une certaine vision de l'architecte et de ses nouveaux moyens d'investigation et/ou de travail, d'un territoire-temps-réseau informe et mutant se dessine
<CUT></CUT>
une certaine quantité d'énergie dépensée
(électrique, intellectuelle, binaire, humaine)
fenêtres sur un monde en décalage horaire, réparties sur 24 heures
nous ne ferons qu'altérer momentanément son évolution, infléchir sa course dans un crépitement électrique de bits, une e-architecture
</EDIT>
</PASTE>
Cette entrée en matières No 3 est la première salve de bits que nous avons lancée sur le réseau pour ouvrir un échange sur l’architecture à l’ère du numérique et de l’internet. Le thème suggéré est multiple, pluriel, interconnecté : l’architecture numérique, l’architecture du numérique, la numérisation de l’architecture, le numérique dans l’architecture, etc. Ce ne sont que quelques facettes d’une problématique globale qui questionne le devenir d’une pratique tout autant que de l’habiter.
Plus qu’un état des lieux ou de l’art, c’est un dialogue à n+1 voix auquel le lecteur est, à son tour, invité à se connecter. Lectures classiques ou numériques sont destinées à s’étendre sur le réseau. Les liens qui s’insèrent dans le texte ouvrent celui-ci à d’autres mondes. L’opportunité est offerte, au lecteur actif, de réagir à ce dialogue électronique.[BACKSPACE]Prises de positions momentanées dans l’univers mouvant des réseaux et de l’architecture de l’information : pour le dire vite, mais il faudra y revenir, d’un autre, de plusieurs autres points de vue, quelque chose a bougé. Notre perception du monde est en train de se modifier à travers la multiplication des réseaux d’information électronique, le développement de la réalité virtuelle, l’émergences de cités numériques, véritables extensions digitales de villes réelles. Notre rapport aux choses, au réel, au virtuel change, se complexifie, mieux, il s’enrichit.
L’architecture est parmi les disciplines les plus concernées par cette évolution que des écrivains comme Michel Serres ou Joël de Rosnay comparent à l’invention de l’imprimerie, voire de l’écriture elle-même. Plusieurs niveaux d’implications s’entrecroisent, offrant aux architectes de nouvelles dimensions d’expression et d’expérimentation :
Ces différents points ne seront pas abordés de manière systématique, didactique, explicative. Ils ne peuvent pas l’être : ces nouveaux espaces architecturaux questionnent le lieu, son unité, la position centrale de l’observateur, du spectateur, du voyeur. Ils se dérobent au regard fixe, empêchent toute mise en perspective classique, multiplient les origines, les sujets. L’auteur disparaît derrière un faisceau de convergences, créant un nœud éphémère dans le réseau.
<PASTE id="panax@pipeline.com">
The electronic network realized by the Web and Internet has within it the possibility of undercutting traditional notions of practice and authorship. A group can convene as an entity defined temporally rather than geographically, bound by a specific task. Such groups are no longer a series of individuals, but "dividuals" in the Bergsonian sense, units whose paths of action converge for a determined period of time, only to break away to form other partnerships for other tasks.
[DELETED] The dividual mode of work challenges the hegemony of local influences, of territory, of a given mindset and mode of operation. In the type of cooperation facilitated by electronic media, there is no room for unexamined "natural" design reflexes; instead, every decision must be reviewed from a different geographical node, a different cultural perspective. What takes shape through new forms of cooperations will be something apart from an "international" style, or architectural abstraction that proposes the same design solution for Rio de Janeiro and Berlin. Certainly the new mode of design, which could be called mutant, may never achieve a definable "vernacular", but it avoids this determinability through being not an abstraction but rather a hybridization of localities. The real radicality proposed by new electronic forms is felt in this assault on identity, personal as well as corporate. It highlights the temporary nature of any enterprise, and speaks to the reality of the shared aspects of design.
</PASTE>
Dès lors, quel regard porter sur ces architectures, et de quel point de vue ? Notre intention est de marquer un territoire, d’ouvrir des voies, de frayer des pistes dans ce qui est pour beaucoup encore une jungle. Ce texte, ces textes, en dialogue, coupés:collés:greffés, propose au lecteur une série non finie, ni margée de points de vue, de snapshots. Le clin d'œil, dans son instantanéité est peut-être le seul regard capable de capter et de rendre ce flux d'information en mutation permanente.
Le préambule daté du 12 mai 1999 offrait à quelques architectes connectés de participer à cette expérience en portant un regard subjectif sur les multiples dimensions de l’architecture à l’aube de l’ère numérique. Cet article n'est donc pas l’œuvre d’un auteur, mais la transcription par copier/coller, insertion, citations, édition d’un échange de vues d’architectes actifs sur le réseau. Son écriture, sa mise en forme, son information représentent déjà un acte de création partagée. Ce texte, suspendu au 24 juin 1999, une prise de position momentanée dans l’univers en mouvement des réseaux. C’est un hybride qui s’affirme, tout en laissant à d’autres la possibilité de s’y greffer, d’y laisser leurs marques, de l’informer.
Une cité en extension: numérique
Point de départ de notre réflexion. Cette architecture que l’on dit virtuelle, ces mondes numériques que l’on peut parcourir sur le réseau, le cyberespace ne font pas disparaître la matérialité du bâti, sa gravité, sa présence dans l’espace, son sens. Ils ne sont pas en concurrence, en compétition. " Ceci ne tuera pas cela ", dirions-nous pour ne pas paraphraser Hugo. Non, bien au contraire. Par le biais du numérique et des réseaux informatiques, c’est une nouvelle dimension de l’architecture qui s’ouvre.
On peut encore, par protection, par angoisse, tenir le discours de deux réalités distinctes, la première demeurant l’espace physique du bâti, l’abri, l’habitation, tels que nous les connaissons ; la seconde, cet espace virtuel que l’on peut expérimenter, en temps réel, sur le web. Mais c’est ignorer tous les liens qui déjà se sont tissés entre ces espaces connexes.
<QUOTE id="http://www.arch.columbia.edu/Projects/Studio/Sum98/Rashid/introduction/introduction.html">
Cities now are navigated, experienced and comprehended not only by their physical location on maps, their climate, geography, morphology and history but also as non places, virtual sites manufactured from touristic propaganda, homepages, advertising campaigns and other media-propagated assemblies. Architecture is already contending with these twin realities of actual and virtual presences by virtue of its own struggle to be at once stable and real as it is striving to be liquid and mutable.
[DELETED] city-space and architecture coexist today in a hybrid condition somewhere between the actual and the virtual. Urbanism, buildings or spaces now might develop and emerge out of a convoluted feedback loop between numerous realities. One could argue that the outcome is an architecture of augmentation, where space and information collapse together forming new territories at once delirious as they are familiar.
</QUOTE>
Quel que soit le nom que l'on donne à ces nouveaux lieux d'architecture (cyberespace, city-space, trans-architecture, architecture augmentée, etc.), ils existent. Plus de 200 millions de personnes les utilisent aujourd'hui, 300 millions dans un an. Les internautes forment une communauté qui se rit des frontières, dépasse les états-nations. Des micro-réseaux réunissant de quelques individus, ou "dividus", pour reprendre l'expression de panax@pipeline.com, à plusieurs millions se côtoient, se connectent, créant de nouveaux pôles culturels, de nouvelles puissances économiques. Les formes prises par ces groupes sont multiples: des forums de discussion aux mailing lists comme la nôtre, des cités numériques aux environnements partagés multi-utilisateurs.
<PASTE id="chris@fabric.ch">
Les technologies informatiques n'offrent pas simplement la possibilité de créer de nouvelles formes, de nouveaux espaces, de nouvelles esthétiques. Elles ne nous permettent pas uniquement de communiquer en "temps réel" avec nos clients et partenaires. Elles affectent en profondeur nos rapports aux autres, aux choses, à la ville, au monde. Ce sont de nouveaux échanges sociaux, de nouvelles conditions de travail, de pensée qui se tissent à travers les réseaux.
</PASTE>
<PASTE id="patrick@fabric.ch">
<PASTE id="chris@fabric.ch">
De nouvelles hiérarchies en mutation
permanente sont en train, d'émerger, de se structurer, et ce, au
niveau politique, économique, social, médiatique. Les cités
numériques en sont un exemple frappant (à Amsterdam
en solo, ou déjà en réseau: Boston,
Chicago, New York, Washington, etc.).
Elles viennent se greffer à la ville "physique" comme son extension
numérique. Elles s'ajoutent à la ville comme couches d'information,
tissant d'autres liens de voisinage entre ses habitants, d'autres places,
lieux publics ou privés, d'autres espaces de travail et de détente.
Je pense qu'il y a là ce que j'appellerai un urbanisme de l'information.
</PASTE>
j'ajouterai encore ce lien: http://www.ai.sri.com/digital-earth/
... ainsi, lorsque l'on évoque cette possibilité d'un monde étendu, digitalisé et informé, "augmenté" pour utiliser un langage informatique, on parle de projets qui sont déjà en cours... celui-ci n'étant pas loin de vouloir reconstruire le monde en version binaire, interconnecté, en réseau. Accès permanent assuré de partout à partout à la "giga-terra database" planétaire d'information, vie digitale en cours d'élaboration, nouveau monde en perspective, n'en déplaise à jg@low-architecture.com... Cependant, pas de panique, il y aura aussi de la place pour les tuiles rouges...
</PASTE>
A Amsterdam, Berlin, Helsinki surtout, nous voyons naître les premiers grands projets de cités numériques et de réalités informées. Ces métropoles d'un nouveau genre représentent des projets d'envergure économique, politique, technologique. Toutefois, à l’heure actuelle, leur développement demeure souvent en-deça de leur réel potentiel. Trop peu de réflexions sont menées sur le projet d’un urbanisme électronique qui intégrerait non seulement la ville physique mais également son extension numérique. Pourtant, l'impact de ces cités sur notre mode de vie socio-économique est loin d'être négligeable. Celle d'Amsterdam, créée par des pirates informatiques il y a deux ans, compte déjà plus de 100'000 habitants. Aujourd'hui, ce sont les hackers qui fondent les villes…
Vers une architecture augmentée
Désormais, l'informatique et les réseaux de communication contemporains offrent plus qu'une alternative, un nouvel outil de travail à l'architecte. La mutation est plus profonde, essentielle. Cette une autre pensée de l’architecture qui est à naître, un nouveau champ d’investigations qui demande une ouverture sur les théories de l’information, la création partagée, les principes des réseaux, la réalité virtuelle, non plus en tant que domaines parallèles, mais dans une nouvelle réalité que j’appellerai "architecture augmentée".
<PASTE id="patrick@fabric.ch">
<INTRODUCTION>
En réalité si je pense effectivement, comme <panax@pipeline.com>, que la notion de réseau ou l'apport d'électronique au cœur de la démarche de l'architecte va amener celui-ci à muter et à modifier ses techniques de travail, de collaboration et de signatures (en ce sens, les projets du CAAD de l'ETHZ - fake space ou multiplying time; cf. http://www.fabric.ch/archives/msg00001.html - en seraient des révélateurs), je ne pense toutefois pas que ce soit la mutation la plus importante, ni la plus intrigante, produite par la pression des technologies électroniques en réseau. Même si, il est vrai, cette transformation aura des conséquences à la fois sur le mode de travail et de production de l'architecte dit "traditionnel", tout comme il aura un impact sur l'architecture dite "réelle", bâtie, physiquement. Il est probable d'ailleurs que les architectes ne mesurent pas encore complètement l'ampleur de la mutation qui semble s'engager: cut-paste sauvage, travail trans-national, délocalisations en tout genre, databases de modèles et de plans d'architectes pour modifications-mutations rapides, achat de plans et de modèles 3D online, logiciels d'IA (intelligence artificielle, ndlr)dédiés au projet d'architecture, concurrence accrue, ... Mais il s'agit là pour l'essentiel uniquement de modifications de techniques de travail, comme il y en a déjà eu.
Je ne pense pas non plus qu'il soit encore nécessaire de se poser la question de savoir si une architecture "virtuelle", ou une architecture électronique existe et est à l'œuvre ou non. Nous voyons aujourd'hui se multiplier les initiatives d'extensions digitales de la réalité. Par l'entremise de réseaux locaux ou de réseaux globaux, de collectivités publiques ou privées, la réalité s'informe et se nourrit d'un apport intarissable d'informations. Parfois en 3D, parfois en environnements immersifs et multi-utilisateurs (http://www.fabric.ch/ElectroArt par exemple), parfois avec des sons, des textes, des images, parfois avec des sensations simulées, etc. Si cela reste encore de l'ordre de l'extension littérale mais digitale d'un monde physique et pesant sur les réseaux, probablement par manque de nouveaux codes, il paraît désormais sensé d'évoquer l'émergence d'une nouvelle réalité, augmentée (d'informations), une réalité mutante et modifiée:modifiante, en phase de déformation:information accélérée et continue, en temps réel. Et c'est bien cet aspect "temps réel" qui paraît important, puisque cela nous informe que cette réalité digitale coexiste, en parallèle, avec notre réalité physique et que des flux et des processus unissent l'un à l'autre. Réalité digitale et réalité physique formant ainsi un nouvel organisme, une nouvelle réalité informée, en permanence. Des rapports énergétiques, voir chimiques semblent devoir se tisser.
</INTRODUCTION>
<CONCLUSION>
On ne peut parler ni de sens, ni de nouvelles formes, ni de nouvelles philosophies ou de nouveaux modes de travail issus ou non du Réseau, parce que le Réseau, le réseau des réseaux n'est précisément bâti sur aucune intention particulière et que chaque jour, il diffère de lui-même. Il se complexifie de minute en minute dans un processus d'évolution quasi néo-darwinien. Il sélectionne de manière quasi autonome les solutions qui lui sont les plus appropriées ou qui résistent le mieux. Chaque jour, des dizaines de nouvelles technologies voient le jour et entrent en compétition sur le Réseau. Les meilleures solutions semblent devoir s'imposer d'elles-mêmes, les autres disparaissent. Ou alors, les technologies mutent, s'assemblent pour atteindre un niveau de complexité supérieur afin de prolonger leur vie électronique: processus d'information, de complexification. On voit ceci se réaliser avec la télévision interactive, le GSM en réseau qui permet de consulter des pages Internet, etc.
Nous voici au porte de la thermodynamique: un monde physique gouverné par des lois entropiques, un monde digital gouverné par des lois néguentropiques. Les deux en interaction permanente. Il serait d'ailleurs intéressant de pouvoir établir un bilan énergétique du réseau: énergie (électrique, électromagnétique, calorifique) dépensée dans la survie du système versus l'ordre produit par les programmes et autres contenus.
<PASTE>
Or on se trouve ici très proche des théories de l'information (http://ink.yahoo.com/bin/query?p=%2Binformation+%2Btheory+%2Bshannon&hc=0&hs=0) qui prétendent que si le temps s'écoule dans le sens de l'augmentation de l'entropie vers un état stable d'entropie maximum, l'information (considérée au sens large et sous sa forme quantitative: mise en forme, flux d'informations) constituerait une source d'ordre, une forme d'entropie négative, de néguentropie. Au même titre que l'arbre fournissant de l'oxygène grâce à la photosynthèse et, par là même, de l'ordre, les réseaux électroniques avec leurs ressources d'informations croissantes de nature néguentropique fourniraient eux aussi de l'ordre et, par ce biais, une sorte de temps potentiel (Joël de Rosnay, L'homme symbiotique, http://194.199.143.5/derosnay/).
Mais les systèmes informatiques consomment en parallèle de l'électricité et produisent des déchets, ils participent aussi de l'entropie. Le Réseau semble donc bien s'inscrire dans un processus de consommation-production-diffusion d'énergie propre à tous les systèmes ouverts. Il participe de la réalité et s'infiltre dans notre vie quotidienne, physiquement. On voit donc là se tisser les liens que nous évoquions plus haut: des flux presque chimiques lient réalité et virtualité, au-delà desquels on envisage une course pathétique contre le temps, une lutte entre ordre et désordre, information en entropie.
</PASTE>
Ainsi donc, il me semble bien que cette réalité informée, temps réel et interactive soit une évolution (dans le sens de complexification néguentropique du monde) et que l'électro-smog (brouillard électronique provoqué par une surcharge du réseau hertzien, ndlr)puisse en être une matérialisation concrète. Je pense aussi qu'il s'agit clairement d'un projet d'architecture pour toutes les raisons évoquées plus haut. Une architecture exprimée de manière simple: mise en forme (information) d'une certaine matière, complexification réalisée à l'aide d'une certaine dépense d'énergie. Démontrer la présence permanente et l'emprise concrète, physiologique du Réseau tout comme sa qualité aussi bien locale (ici, en face de mon écran, dans ma ville, ...) que globale (interconnexion et temps réel planétaire, ...) laisse à penser que cette réalité fait dorénavant partie de tout contexte d'architecture. Si l'on conçoit l'architecture d'une manière primaire, énergétique et de l'ordre de l'information (mise en forme), alors le Réseau fait totalement partie du terrain de jeu et plus encore, il modifie le contexte. A ce niveau-ci, je rejoint les vues de <crcd@club.ch>, mais ce n'est pas une intention. Mon attitude n'a rien d'intentionnel, encore moins signifiante que la volonté de demeurer dans le physiologique. Tout au plus la constatation que je m'inscris parmi les choses et que j'interagis avec celles-ci au niveau des processus, pas plus haut. Le processus est constitutif de la mutation et c'est à ce degré relativement bas que se situe désormais la possibilité d'action. Action électronique-énergétique-informatique, en-deça des idées, au-delà des idées, mais productrice de celles-ci: architecture augmentée, architecture 1999.
</CONCLUSION>
</PASTE>
La matérialisation et l'intégration de l'information dans notre environnement physique est encore du domaine de la performance ou de la recherche, mais la problématique soulevée nous concerne dans notre quotidien. La prolifération des ordinateurs, téléphones cellulaires et autres baby calls produit un encombrement sans précédent du faisceau hertzien: l'électro-smog. Cela entraîne une dépense énergétique et une augmentation considérable de la densité d'ondes électromagnétiques à laquelle nous sommes soumis quotidiennement. L'architecture n'est plus le simple jeu des volumes sous la lumière (l'a-t-elle jamais été...). Elle se trouve baignée d'ondes hertziennes, de flux d'informations cathodiques, d'émissions électromagnétiques. Pour aller plus loin, peut-on également imaginer gérer l'information comme on travaille la lumière?
Un projet comme Tunable Cities , tiré de Hertzian Tales (a.dunne@rca.ac.uk & f.raby@rca.ac.uk) explore les interactions entre les réseaux électromagnétiques et urbains. Il dessine de nouvelles cartes basées les faisceaux d'ondes hertziennes perçus dans la ville. En matérialisant les interférences entre les différentes sources publiques et privées, naturelles et artificielles, il définit de nouveaux rapports de force entre le citadin et les éléments qui l'entourent.
Que serait une architecture qui intégrerait ces éléments comme d'autres, la lumière, la matière, etc. Je rejoins là, dans une vision large, l'idée de <crcd@club.ch> sur une architecture énergétique, une architecture connectique, une architecture génétique, "infonétique".
<PASTE id="crcd@club.ch">
Campement électromagnétique
Du 4 juin 1999 au 1er juillet 1999
Vernissage 4 juin 1999 à 18 heures
Décosterd & Rahm, associés
Notre intention est de mettre en place dans la galerie Chez Valentin une architecture de la dépense laquelle agit sur l’espace lui-même, sur l’air comme une matérialité concrète bien qu’invisible. Une architecture qui se dissipe, qui rayonne et transforme la constitution électrique, physique et chimique de l’air plutôt qu’une architecture qui façonne les limites de l’espace en construisant une structure, une architectonique, en organisant la délimitation physique de l’espace.
[DELETED] Ce que nous cherchons à produire est un espace sans devoir de représentation. L’architecture trouve son champ d’action réel, sans plus avoir à se cantonner dans une fonction décorative et formelle sur les limites de l’espace. L’architecture devient une pure dépense, un acte violent, prédateur, qui brutalise nos yeux, notre peau. Essentielle et archaïque, offensive et physiologique, sans intermédiaire, sans forme, sans carcan, agissant dans la corporalité de l’air et de notre corps, une architecture invisible, une puissance immédiate qui se déploie, libérée, qui conquière le vide. Ici, l’architecture met en place une source d’énergie première, de la chaleur, de la lumière, des longueurs d’ondes invisibles mais nécessaire au métabolisme de notre organisme. Le lieu habitable devient cet environnement modifié, un champ électromagnétique dans lequel on pénètre, dans lequel tout notre corps, tous nos organes sont en relation, physiologiquement en relation. Cinq tubes fluorescents composent cette source, cinq tubes spéciaux de lumières, violentes, brutes, qui diffusent des rayonnements reproduisant le spectre solaire, visible et invisible. Une architecture de plein air, une architecture concrète, corporelle, hormonale, qui agit sur notre peau, sur nos yeux, qui touche le système endocrinien avant toute chose: on va bronzer aussi dans la galerie et ce n’est pas une métaphore.
</PASTE>
Architectes de l'information
Toutes les questions, tous les problèmes que pose l'émergence des cités numériques aux architectes et aux urbanistes sont autant d'opportunités dissimulées. Faire face à ces problèmes, répondre aux questions actuelles, en pensant ces mondes parallèles non pas comme des amusements virtuels, mais comme de véritables extensions urbaines sur le réseau est de notre ressort et de notre responsabilité.
<PASTE id="patrick@fabric.ch">
<PASTE id="chris@fabric.ch">
Pour lancer quelques bits dans cette direction, je dirais que l'architecture est au centre de l'évolution de l'informatique et des réseaux de communication. Elle pourrait même en être le cœur si les architectes tendaient à considérer non comme un simple outil voire une menace pour l'Architecture, mais bien comme un monde en création permanente.
</PASTE>
Il semble que quelques écoles d'architecture commencent à s'occuper de ces territoires. Columbia University et d'autres écoles américaines forment des architectes dans ces domaines. De son côté, l'ETHZ forme, au CAAD, ses étudiants architectes à produire de l'architecture à travers le réseau (surtout) et pour les territoires d'information (quelquefois). A la suite de Dantec (http://www.nirvanet.com/fr/home/cover/99_05_28_leary/dantec.html) et dans notre domaine, on pourrait se poser la question de savoir quel sera l'architecte du XXIème siècle, ici aussi, sous peine de disparaître.
On pourrait même se poser la question de savoir si celui-ci sortira d'une école d'architecture et pas plutôt d'un collectif engagé du type http://www.etoy.com ou http://www.jodi.org, savant mélange de hackers, d'informaticiens, d'architectes (aussi), de spécialistes ou d'artistes médias (MIT medialab), de DJs et d'autres expérimentateurs encore. Des acteurs déjà à l'œuvre maintenant, pour lesquels l'opposition binaire du réel/virtuel de l'entropie/information est depuis longtemps obsolète. On pourrait alors naviguer comme sur un anneau de Moebius entre réel et virtuel, entropie et information, toujours au contact, un peu comme un son dont on modèlerait les aigus et les basses, la puissance et le mode de diffusion, mais qui, quoiqu'il en soit, resterait toujours un certain son, même modifié-muté. Un projet du genre http://www.artcom.de/projects/invisible_shape/realvirtuel.en.shtml qui pourrait osciller entre différentes intensités, différentes imbrications. Un instant digital, puis physiquement installé, puis en réseaux, puis tout, puis rien, puis digital, ...
Mais encore une fois, ce n'est pas le regard véritablement lent, très lent, porté par les écoles et instituts d'architecture sur le problème qui aidera les étudiants architectes à poser leurs parpaings dans l'info-monde. Ni le probable confort intellectuel stabilisateur duquel certains architectes ne semblent pas vouloir sortir. Il est possible que la mutation viendra d'ailleurs, inattendue et d'une certaine manière, ce serait presque normal: un nouveau degré de complexité.
</PASTE>
Webmaster webmaster@fabric.ch
Jean-Gilles Décosterd jg@low-architecture.com
Christophe Guignard chris@fabric.ch
Patrick Keller patrick@fabric.ch
Jean-Gabriel Neukomm panax@pipeline.com
Philippe Rahm crcd@club.ch
PS Cet échange de regards continue à produire:
La discussion est ouverte: