L'EPFL dépoussière son identité visuelle
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REVOLUTION. L'école a confié à une équipe de graphistes de
l'Ecole cantonale d'art de Lausanne la conception de sa publication
annuelle de présentation. Epurée et résolument tendance, la brochure
privilégie l'humain.
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L'EPFL dépoussière son identité visuelle
Yann Gerdil-Margueron Mercredi 23 mai 2001
Vendredi soir, l'Abstract club installé dans le quartier du
Flon à Lausanne accueillait le vernissage de «Panorama 001»,
publication faisant état de l'EPFL en 2001 et contenant des éléments
de son rapport d'activité 2000, ainsi que du site associé, http://001.epfl.ch/. Un cadre branché
pour présenter une publication au look résolument contemporain, à
l'épure élégante et à l'esthétique éminemment tendance. Surprenant
de la part d'une institution qui jusqu'à présent donnait d'elle-même
une image plutôt terne et administrative. De fait, une
mini-révolution est en train de doucement s'opérer dans les couloirs
et les laboratoires de l'Ecole polytechnique fédérale. En effet,
comme l'explique Nicolas Henchoz, ancien journaliste et actuel
adjoint du président de l'EPFL pour les affaires de communication,
«l'école doit aujourd'hui se doter d'une culture de communication
propre et développer de nouveaux modes d'expression visuelle. Prenez
le MIT (Massachusetts Institute of Technology): ce n'est pas une
meilleure école, mais elle parvient à exprimer une identité propre à
son campus sur le plan visuel. L'EPFL doit aujourd'hui parvenir
à exprimer sa créativité de la même manière.» Dans cette
optique, Nicolas Henchoz poursuit une stratégie d'évolution douce
plutôt que celle d'un changement de ligne radical imposé à
l'ensemble de l'institution: «On ne peut pas procéder au forceps.
Les structures de l'EPFL ne le permettent pas: plus on se rapproche
du niveau du laboratoire, plus la liberté est grande dans le domaine
des publications. Il s'agit simplement d'insuffler un esprit nouveau
qui gagnera peu à peu chaque unité.» En ce sens, «Panorama 001»
fait office d'indicateur de la nouvelle tendance. Il a été réalisé
dans le cadre d'un concours mettant en compétition trois agences de
communication traditionnelles et un groupe composé d'architectes
électroniques (fabric | ch) et de graphistes émanant de
l'Ecole cantonale d'art de Lausanne (ECAL): François Rappo,
responsable du département de communication visuelle, Angelo
Benedetto, également enseignant, David Rust, graphiste indépendant
et Philippe Cuendet, jeune graphiste de 20 ans. C'est leur projet
qui a finalement été retenu pour la publication et le site. Les
52 pages de la brochure présentent l'école sous l'angle humain:
«Nous avons privilégié les photos d'individus, même les images
techniques sont traitées comme des portraits, explique David Rust
qui a coordonné le projet. Nous ne voulions pas des habituels
clichés de groupes souriants. De même, les vues d'architecture
témoignent de la diversité et de l'éclectisme du campus, alors que
jusqu'à présent l'EPFL ne mettait en avant que son côté high-tech.»
Ainsi, le parti pris des photographes Isabel Truniger et Lauris
Paulus va vers des prises de vue des containers dans lesquels se
trouvent certains laboratoires, des traces d'humanité dans
l'environnement technique, comme cette paire de baskets abandonnée
devant un vestiaire, et au cœur des «entrailles» de d'EPFL:
couloirs, halls, etc. Les textes sont traités dans la même optique,
à l'instar de l'introduction signée par Patrick Aebischer, président
de l'EPFL, et présentée sous la forme d'un fax. Tirée à 30 000
exemplaires en trois langues, «Panorama 001» s'adresse aussi bien
aux industriels qu'aux politiciens ou aux futurs étudiants. Le
stimulus voulu par Nicolas Henchoz fonctionne: dans la foulée de
«Panorama 001», le département des systèmes d'information et de
communication vient de mettre au concours sa prochaine publication.
David Rust figure parmi les graphistes en lice: «Plutôt qu'une
brochure traditionnelle, j'ai proposé une affiche qui se déplie et
permet deux types de lecture différents», explique-t-il. Résultat du
concours aujourd'hui mercredi en fin de journée. Reste que si
les réactions extérieures sont bonnes depuis la diffusion de
«Panorama 001», les réticences à l'interne sont encore grandes:
«Certains reprochent à la brochure de ne pas suivre l'esthétique
classique de l'école et ne la trouvent pas jolie. La culture de
l'individu présentée par «Panorama 001» en lieu et place des
habituelles photos de groupe est également un élément qui dérange.
Il faut laisser le temps aux mentalités d'évoluer», analyse Nicolas
Henchoz.
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